vendredi 22 février 2008

Appel à communication : " Image et manipulation" (Lyon)

6e Congrès International du GRIMH

IMAGE et MANIPULATION

20-22 novembre 2008
Université de Lyon (Lumière lyon 2)



Le programme du 6e Congrès du Grimh s'inscrit dans le programme scientifique de l'Equipe d'Accueil "Langues et Cultures Européenes" (EA 1853). Il sera l'occasion de s'interroger sur la question de la "manipulation" de l'image et se déclinera en fonction de trois axes : Mentir / Séduire / Travestir.

Date de limite de proposition des communications : 30 avril 2008.

Pour plus de renseignements :
http://recherche.univ-lyon2.fr/grimh/index.html



Communiqué transmis par l'intermédiaire de l'AFECCAV




Journée d'études : "L'insurrection médiatique : Les médias dans l'oeuvre de Peter Watkins" (Paris)

L'INSURRECTION MEDIATIQUE : Les médias dans l'oeuvre de Peter Watkins

Journée d'études organisée par le Laboratoire Communication et Politique du CNRS et de l'INA


Lundi 10 mars 2008
Lieu : Maison Européenne de la Photographie, 5-7, rue de Fourcy, 75004 Paris


La relation entre image et politique n'est-elle pas aujourd'hui plus que jamais à l'ordre du jour ? L'utilisation de l'Histoire pour parler de sa vision du monde est l'un des traits centraux du cinéma de Peter Watkins. Il s'agira durant cette journée d'analyser la relation particulière de Watkins aux mass media, la représentation des techniques médiatiques et des journalistes dans ses films (depuis la voix off "documentaire" de La Bombe jusqu'aux médias "alternatifs" mis en scène dans La Commune) apparaissant avant tout comme un geste politique - au sens de la cité grecque. En effet, le cinéaste, par-delà la critique acerbe du "système" structurel et esthétique des médias, propose une forme d'utopie positive de la communication qui peut être interprétée comme un plaidoyer pour une insurrection médiatique par et pour les citoyens.


13h30 : Présentation par Sébastien Denis, maître de conférence à l'Université de Provence


13h45-17h00 : Communications modérées par Isabelle veyrat-Masson
- Régis Dubois, docteur et enseignant en histoire et cinéma à Marseilles
"Quelle alternative à la monoforme ? Perspective historique"
- Sébastien Layerle, docteur en cinéma, Ciné-Archives
" Une juste appropriation des faits. Forgotten Faces et les années Playcraft (1956-1962)"
- Michèle Lagny, Professeur émérite à l'Université Paris 3
" Imiter pour dénoncer : le paradoxe du cinéaste confronté aux médias. Trois films de Peter Watkins (Culloden, The War Game, Punishment Park)"
- Isabelle Marinone, docteur en cinéma, ATER à l'Université Paris 3
" Une opposition aux Mass Média Audiovisuels (MMAV) : La Commune (Paris, 1871), une démarche alternative"
- Sébastien Denis, maître de conférence à l'Université de Provence
" Médias et polotique dans le cinéma de Peter Watkins"


17h15-18h15 : Table-ronde (avec projections) dirigée par Jean-Pierre Bertin-Maghit, professeur d'études cinématographiques à l'Université Bordeaux 3
" Peter Watkins et les médias audiovisuels. Représentations et réception critique"


Avec la participation de Patrick Watkins, assistant-réalisateur de Peter Watkins, Sébastien Denis, maître de conférence à l'Université de Provence et Isabelle Veyrat-Masson, directrice du Laboratoire Communication et Politique du CNRS. Avec des projections d'archives issues des fonds de l'INA.


Communiqué transmis par l'intermédiaire de l'AFECCAV


Séminaire: "La Mise en scène de théâtre, histoire et transmission" Avec Béatrice PICON-VALLIN - Université Montpellier III, le 22 février 2008

Le département des Arts du spectacle

Le Théâtre de l’Université Paul Valéry

Le Centre de recherche RIRRA21

Ont le plaisir de vous inviter à une conférence et rencontre sur le thème

*La Mise en scène de théâtre, histoire et transmission*

*Avec Béatrice PICON-VALLIN*


*Le vendredi 22 février 2008 de 14h15 à17h*

*Salle de répétition du théâtre **La Vignette**

*à l’Université Paul Valéry Montpellier III*

Béatrice Picon-Vallin est directrice d’études au CNRS. Elle est responsable de deux collections de référence : « Arts du spectacle », CNRS éditions et « th XX », l’Age d’homme. Elle s’appuiera principalement sur la collection « Mettre en scène », publiée conjointement par Actes Sud-Papiers et le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique où elle enseigne l’histoire du théâtre. Son propos sera illustré de projections.

« C’est l’objectif de la collection « Mettre en scène » que de rendre accessible des écrits d’artistes qui ont, d’hier à aujourd’hui, réfléchi à leur art de mettre en scène, et aux différents problèmes posés par la transmission des savoirs et des techniques afférentes. Cette collection réunira des textes rares, réédités, inédits ou/et traduits, et mêlera au concert des voix françaises, parfois discordantes, les « manifestes » et les perspectives pédagogiques des étrangers, de façon à présenter un ensemble de références, et à faire comprendre les polémiques qu’a suscitées l’émergence de cet art, dans le sillage desquelles nous vivons encore, ainsi que les modalités de sa maturation. »

jeudi 21 février 2008

Colloque : "Turbulences dans la perception" (Bordeaux)

Turbulences dans la perception

Médiathèque de Camponac, à Pessac (près de Bordeaux, 33)

13 et 14 mars 2008

Organisé par l’équipe d’accueil IMAGINES de l’Université Michel de Montaigne Bordeaux 3, ce colloque interrogera, selon une approche transdisciplinaire, l’état de la perception aujourd’hui, en l’articulant notamment autour des questions de l’image, de l’environnement et du corps.

Intervenants :

Pierre BEYLOT (Cinéma, Bordeaux 3), Alain MONS (Info communication, Bordeaux 3), André-Frédéric HOYAUX (Géographie, Bordeaux 3), Bruce BEGOUT (Philosophie, Bordeaux 3), Jean Max NOYER (Info communication, Paris 7), Marcello VITALI ROSATI (Philosophie, Paris), Norbert HILLAIRE (Info communication, Nice Sophia Antipolis), Cécile DUTEIL (Info communication, Montpellier), Martine VERSEL (Info communication), Marielle TOULZE (doctorante en communication, Bordeaux 3), Frédérique SEYRAL (doctorante en arts plastiques, Bordeaux 3).

Pour plus de renseignements, vous pouvez contacter Nicolas Labeyrie : nico.labeyrie@wanadoo.fr

Communiqué transmis par l’intermédiaire de l’AFECCAV

18ème festival de cinéma espagnol de Nantes. Du 12 au 25 Mars 2008.



Du 12 au 25 mars 2008...
Comme chaque année, au mois de mars, Nantes s’ouvre à la culture et au cinéma espagnols : ce sont plus de 50 films, 120 projections, des avant-premières, 40 invités et 20 000 spectateurs.

Au programme de cette 18ème édition : une sélection des dernières productions espagnoles, un zoom sur Eduardo Noriega, une rétrospective des prix Goya, un hommage à l'Aragon...

Plus d'info sur : www..cinespagnol-nantes.com





vendredi 15 février 2008

Appel à communication : Séminaire de jeunes chercheurs de l'Université Montpellier III - « Interactions culturelles : les effets de la rencontre »

ÉCOLE DOCTORALE

« LANGUES, LITTÉRATURES, CULTURES, CIVILISATIONS »

Séminaire de Jeunes chercheurs organisé

par les doctorants de 2e année

« Interactions culturelles : les effets de la rencontre »

Comme en 2006-2007, le séminaire des doctorants de l’ED58 s’inscrit dans le programme de réflexion de la MSH de Montpellier « Cultures, Identités, Transferts Culturels ». C’est un aspect des intéractions culturels qui a été retenu par le comité des doctorants de 2e année.

Les contacts culturels, qu’ils se manifestent par la rencontre d’individus, de groupes humains, de courants intellectuels etc., impliquent nécessairement un certain nombre d’effets de nature très variée, qui peuvent engendrer des échanges féconds ou mener au constat d’une communication impossible.

NOVATION La rencontre pose le problème de la relation à autrui en terme de connaissance. Autrement dit, comment se définit la spécificité de l'autre, et comment se placer face à lui ? L'épreuve du regard amène à la reconnaissance de soi par l'autre et de l'autre par soi, pouvant à la fois être nécessaire et conflictuel. Si la novation naît de l’échange, elle peut aussi être le résultat d’une opposition face à cet échange.

D'une part, à travers les transmissions peuvent jaillir les idées et/ou conduire à une révolution, une rupture, une transformation radicales. Mais comment rendre compte d'un phénomène novateur, à caractère exceptionnel, issu justement de ces échanges mêmes ?

D'autre part, la rencontre avec l'autre permet de reconsidérer ses propres connaissances et de se reconsidérer soi-même. Face aux traditions, aux archaïsmes, aux conservatismes, dans quelle mesure la rencontre peut-elle conduire à un processus de création, d’évolution, de novation ? Aussi bien, les notions de rupture et de novation sont-elles nécessairement liées ?

DOMINATION

Comment penser la question de la rencontre entre plusieurs personnes ou groupes humains selon les formes particulières que revêt la domination ?

Facteur d’oppression, la domination crée aussi, par voie de conséquence, l’occasion de l’émancipation. Par ailleurs, si la notion de domination appartient principalement à la sphère politique, on ne saurait cependant l’exclure d’autres domaines de l’expérience.

On pourra donc envisager cette notion au travers des rapports entre individus, genres, groupes humains ou courants intellectuels, spirituels, linguistiques…

SYNCRETISME

La notion de syncrétisme envisagée comme l’un des effets de la rencontre pose de multiples de problèmes. En un sens, le syncrétisme peut être issu d’une démarche volontaire, mais ses origines sont parfois très diverses. Il peut en effet s’agir d’une stratégie de dissimulation nécessaire comme d’une évolution issue de l’interaction de plusieurs cultures au sens large.

Dans la genèse comme dans l’expression d’un syncrétisme, il est impossible de parier sur l’évolution précise d’un phénomène. De nombreux facteurs échappent au contrôle ou à la volonté pour aboutir à un produit tissé et métissé d’influences extrêmement variées.

Les questions posées par le syncrétisme relèvent très souvent des inquiétudes de l’orthodoxie, car ce qui est perçu de l’extérieur comme une synthèse de plusieurs éléments est vécu de l’intérieur comme une entité à part entière. Se posent par là même les questions de l’authenticité et de la vérité, face aux tentatives d’instrumentalisation. Le syncrétisme manifeste peut-être des façons différentes de poser ces problèmes.

CONFRONTATION

La confrontation peut-être envisagée comme un des effets de la rencontre. Cette notion qui a traversé les âges met en jeu des principes de d’altérité, de communauté, de nation, d’ethnie, de religion, de culture, d’idéologies…

Envisagée du point de vue interdisciplinaire, ce phénomène s’enrichit d’une pluralité de sens liée à son d’histoire.

Selon le point de vue adopté pour la définir, l’imaginaire collectif rappelle à notre esprit des termes antagonistes comme : soumission et domination ; acceptation et refus ou bien tolérance et intolérance.

De nature ambivalente, la définition de sa conception nous pousse à l’exploration d’un univers dilaté, tiraillé entre différentes notions, différents concepts et différents mondes. La confrontation n’est pas seulement un face à face avec l’autre, elle peut aussi être un face à face avec soi-même.

Si on la perçoit comme l’un des effets immédiats de la rencontre, la confrontation directe ou indirecte donne toujours lieu – de façon plus ou moins violent et frontale – à une forme de communication.

Ainsi, la confrontation peut-elle être seulement envisagée comme une hiérarchisation ou bien comme un mode de comparaison ?

Les doctorants de l’ED 58 vous invitent donc à réfléchir sur les effets de ces rencontres à travers quatre thématiques : novation, confrontation, domination, syncrétisme. Le caractère interdisciplinaire de ces séminaires, dénominateur commun entre les organisateurs et les participants, donnera lieu à sa manière à un échange de réflexions aux effets novateurs.

Novation : 9 avril 2008

Confrontation : 14 mai 2008

Domination : 4 juin 2008

Syncrétisme : 25 juin 2008


Votre proposition de communication est à envoyer au plus tard le 3 mars 2008 à chacune des deux adresses suivantes : <caroline.chaplain@neuf.fr> et <lydie.vargas@yahoo.fr>


Présentation de la proposition : 500 mots maximum (format Word, Times New Roman, police 12, interligne 1,5), comprenant le titre de la communication ainsi qu’un résumé et deux ou trois références bibliographiques. Le nom de l’auteur sera indiqué avec son adresse électronique, ainsi que l’intitulé de la thèse, le laboratoire de rattachement, l’université d’origine, et le nom du directeur de recherche.

Le comité scientifique, composé des doctorants organisateurs et d’universitaires sous la présidence du directeur de l’Ecole Doctorale, examinera les propositions en tenant compte des critères suivants : adéquation avec le thème du séminaire, pertinence et clarté de la démarche au sein de la discipline de la thèse.

Une réponse vous sera communiquée au 15 mars 2008 et les doctorants ou jeunes docteurs dont les propositions auront été retenues devront confirmer leur participation au plus tard le 30 mars 2008.

lundi 11 février 2008

Analyse : "Voyage sur l’île de Myst" par Thibaut Garcia - Université Montpellier III

Voyage sur l’île de Myst

Par Thibaut Garcia

Jamais les créateurs de jeux vidéo n’ont autant revendiqué le statut d’artistes. Jamais les jeux vidéo n’ont figuré en si bonne place dans la programmation des lieux consacrés aux arts numériques. Et pourtant, le jeu vidéo et les arts numériques dans leur ensemble n’ont jamais été aussi fortement dominés par une logique de la pure simulation visant à améliorer sans cesse, et conjointement, les performances de la machine et celles de l’Homme. Car le principal mythe qui traverse actuellement la théorie des arts numériques et la société moderne dans sa globalité, est celui de l’Homme nouveau : cet individu infiniment flexible, malléable, sans attaches, capable de s’adapter à toutes les situations, et qui, devenu finalement un simple artefact de la machine, aurait perdu tout ce qui faisait de lui un être humain ; cet Homme nouveau dont l’idéologue du Progrès (Francis Fukuyama dans La Fin de l’Histoire et le dernier homme[1], ou Pierre Lévy dans l’ensemble de son œuvre) prophétise l’avènement avec des accents messianiques et un enthousiasme non dissimulé, tandis que quelques théoriciens (Jacques Ellul, Paul Virilio, Christopher Lasch, Jean-Claude Michéa…) s’efforcent d’attirer notre attention sur les ravages d’une telle idéologie : dictature technocratique, rupture du lien social, déclin de la culture et de l’enseignement.


Si l’on admet que la spécificité de l’art, comme celle du jeu, est de créer un monde propre, relativement à l’écart des contraintes purement utilitaires de la vie quotidienne, que penser d’un tel « art » numérique et vidéoludique, conçu de plus en plus comme un prolongement de l’éducation et de la formation professionnelle, voire de l’économie réelle (cf. le phénomène Second Life), et où l’individu est appelé à réagir de manière stéréotypée à des stimuli, dans des mondes virtuels de plus en plus calqués sur la réalité et agissant de plus en plus concrètement sur celle-ci ? Que penser d’une telle théorie des arts numériques qui valorise l’actant au détriment du spectateur, au risque de ne voir dans l’œuvre qu’un simple objet de manipulations, et par là même, de la désacraliser beaucoup plus sûrement que la fameuse reproductibilité technique si souvent stigmatisée par les défenseurs d’une culture d’élite[2] ?

Dans ce contexte, seuls quelques « OVNI » vidéoludiques peuvent vraiment prétendre nous offrir une expérience esthétique. Le jeu Myst est de ceux-là. Créé par les frères Robyn et Rand Miller et commercialisé à partir de 1993, ce jeu tire son nom d’une île imaginaire sur laquelle le joueur est transporté en début de partie sans d’abord savoir ce qu’il doit y faire. C’est au gré de son exploration que celui-ci découvre des indices le renseignant sur sa mission et lui donnant accès à d’autres îles, sortes de mondes parallèles appelés « âges » : l’âge sélénitique, l’âge de la passerelle de bois, du bateau de pierre, etc.



On ne dévoilera pas grand-chose en disant que cette « mission » sert surtout de prétexte à l’exploration de ces îles à l’aspect plus ou moins fantomatique, où les éléments naturels se mêlent aux inventions les plus fantaisistes. Il n’y a, dans Myst, aucun ennemi à abattre ni aucun danger mortel. La progression du joueur repose entièrement sur la résolution d’énigmes de difficulté variable, sans que jamais une énigme non résolue n’entrave totalement cette progression, comme c’est le cas dans les jeux de stratégie de type « plate-forme ». Le joueur reste libre de ses déplacements à l’intérieur de certaines limites, libre de rebrousser chemin, de laisser en suspens la résolution d’un problème pour se concentrer sur un autre ou poursuivre ses recherches, libre, enfin, de visiter les différents mondes dans l’ordre où il le souhaite, pourvu qu’il en connaisse le mode d’accès. L’une des grandes originalités de Myst est en effet de proposer simultanément plusieurs énigmes, de sorte que le joueur, pouvant passer de l’une à l’autre, a rarement l’impression de se trouver « bloqué ». Le jeu n’est pas organisé sur le modèle d’un récit linéaire, il n’est pas non plus hiérarchisé en « niveaux ». Sa structure serait plutôt en étoile, l’île de Myst étant la plate-forme à partir de laquelle on accède aux différents âges et à laquelle on revient sans cesse. Le refus du modèle narratif traditionnel culmine dans l’absence de véritable dénouement, puisque sa mission accomplie, le joueur se voit simplement proposer de continuer à explorer l’île à sa guise. Une absence de dénouement qui répond à la volonté, exprimée par les créateurs, de concevoir un jeu qui n’aurait pas de fin.



Myst est bel et bien un monde que l’on pourrait explorer indéfiniment, en y découvrant à chaque passage de nouveaux détails. Ce foisonnement est d’ailleurs un attrait principal du jeu. Cette profusion est rendue possible par une qualité graphique exceptionnelle pour l’époque, et remarquable aujourd’hui encore par le soin qui y est apporté. Le souci du détail semble avoir été le maître mot des concepteurs qui se sont offert le luxe de faire figurer dans les décors toutes sortes d’objets rigoureusement inutiles, mais sur lesquels le joueur peut « zoomer », et qu’il peut parfois même manipuler : globe luminescent, oiseau mécanique, appareils de projection holographique, etc. L’effort déployé pour doter les différents âges d’une existence et d’une vie propres, indépendantes de leur rôle purement ludique, est patent dans les journaux intimes qui garnissent la bibliothèque de Myst et dont les récits, hormis les rares indices qu’ils peuvent receler, n’ont pour fonction que de nous raconter l’histoire de ces mondes et de conférer aux personnages qui les peuplent une épaisseur psychologique.


Mais plus encore que tous ces paramètres, ce qui contribue de manière décisive à élever Myst au rang de production artistique est la place qui y est assignée au joueur : davantage spectateur que « presse-boutons » (rôle habituellement dévolu à l’actant dans tous les médias numériques), celui-ci semble se déplacer à travers une série de tableaux à la fois hyperréalistes et d’apparence éminemment picturale. Certes, le parti pris est celui de l’immersion, puisque le point de vue correspond à ce que la sémiologie du cinéma nomme « ocularisation interne » : aucun personnage de synthèse représentant le héros n’est visible à l’écran, le joueur voit exactement ce que verrait un personnage plongé dans l’univers du jeu, ce qui tend évidemment à favoriser l’identification. De plus, les ambiances sonores, elles aussi particulièrement soignées, renforcent le sentiment d’immersion. Néanmoins, le réalisme de cette simulation est sérieusement limité et contrebalancé par le fait que, pour des raisons probablement techniques, mais peut-être aussi liées à des choix esthétiques (privilégier le niveau de détail des décors plutôt que la fluidité de l’animation 3D), le joueur ne peut orienter son regard ou se déplacer de manière fluide, comme il le ferait dans la plupart des jeux actuels. Les déplacements s’effectuent à l’aide de simples clics de souris, entre plusieurs « vues » fixes, en nombre limité et contiguës les unes aux autres. D’où le caractère contemplatif de cette exploration où l’attention se porte beaucoup plus sur l’observation de chaque décor et sur la reconstitution mentale d’un continuum spatial que sur l’anticipation des actions à accomplir. Myst a de quoi exaspérer les acharnés du joystick et autres amateurs de sensations fortes.


Une visite de cet univers virtuel permet de mesurer à quel point ce qui caractérise l’émotion esthétique, donc l’art (pourvu que celui-ci aspire encore à exprimer un idéal esthétique), réside dans un rapport différent au temps. Le temps, les créateurs de Myst s’en jouent au point de proposer un mode rapide et de fournir les solutions de leurs propres énigmes dans un menu accessible à tout instant, pour que le joueur qui le souhaite puisse terminer la partie en deux minutes. Ils savent qu’un tel joueur restera de toute façon sur sa faim. Il n’existe qu’une seule bonne raison de se plonger dans Myst, c’est le temps qu’il parvient à déployer autour de lui et qui est comme suspendu. Dans une société moderne obsédée par la vitesse, au point de sembler désireuse de hâter son propre déclin, Myst est cette île où l’individu fatigué par le tumulte aime à venir s’exiler un moment. De là, vient sans doute le succès commercial longtemps inégalé de ce jeu hors norme, un succès qui prouve, s’il en était besoin, que le grand public n’est pas forcément l’ennemi de la qualité.



Février 2008

Notes:

[1] Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1992.

[2] Les propos de Jacques Aumont sur la « vulgarisation » des images en conclusion de L’Œil interminable (Paris, Séguier, 1989, p. 254), offrent un bel exemple de cette stigmatisation de la reproductibilité technique, illustrée en l’occurrence par la télévision et la vidéo, alors que l’auteur défend un art fondé sur le même processus : le cinéma !

Réunion-échange entre chercheurs organisée par l’Association Les Trois lumières, Jeudi 7 février 2008, de 18 h 00 à 20 h 45

Réunion-échange entre chercheurs organisée par l’Association Les Trois lumières, Jeudi 7 février 2008, de 18 h 00 à 20 h 45

CERHEC (Centre d’Etudes et de Recherches en Histoire et Esthétique du Cinéma) Salle Jean Mitry / 1er étage de l’INHA, à l’intérieur du centre de documentation (Institut National d’Histoire de l’Art 6 rue des Petits Champs / Entrée Galerie Colbert – Métro Palais Royal ou Bourse)

Entrée libre

Réunion ouverte à tous les étudiants et chercheurs intéressés quel que soit leur domaine.

Interventions de :

Caroline Renouard (Doctorante en Etudes cinématographiques - Paris Est) : « Quand la technique repousse les frontières entre cinéma et peinture : l'exemple des trucages d'incrustation »

Etude de l'esthétique picturale des trucages d'incrustation dans les films d'images composites, mêlant prises de vues réelles et images de synthèse. Interrogation autour de la manipulation de l'image cinématographique numérique et de son héritage : perspective et trompe l'oeil picturaux, photographie, lanterne magique et trucages optiques mis au point entre autres par Méliès et développés tout au long du XXème siècle dans le cinéma dit de « grand spectacle ».

Laurent Kasprowicz (Doctorant en Sociologie – Université de Metz) : « Pour une observation localisée de la consommation cinématographique »

Réflexion autour de l’usage des films à partir d’une étude sociologique localisée. Les études de la fréquentation des films ont l’habitude de ne considérer que la sortie cinéma et de classer celle-ci selon des catégories qu’elle considère distinctement. Pour le spectateur (âge, sexe, profession, niveau d’instruction, lieu d’habitat, habitudes de fréquentation, fréquentation géographique), pour les films, (genre, nationalité, auteur, producteur, studio, box office). Pour les observateurs, le choix répété des films de divertissement en salle fait souvent du spectateur une victime du marketing et Studios. L’ensemble des films accessibles au consommateur est pourtant susceptible de s’inscrire dans des dispositifs sociotechniques différents de consommation (au cinéma, chez soi, à la télé, sur son ordinateur). Comment organise-t-il sa pratique ? Travail à partir d’une observation ethnographique localisée visant à expliquer les statistiques recueillies (En Janvier 2005 et sur une durée de 6 mois, enquête à partir de 350 longoviciens dont 70 étudiants sur leurs pratiques à travers questionnaires et entretiens plus approfondis).

+ Débats et échanges autour des thèmes abordés

(réunion-échange organisée par Isabelle Marinone et Laurence Hoarau / pour plus d’informations contactez isabellemarinone@hotmail.com, laurence.hoarau@gmail.com, ou lestroislumieres@yahoo.fr


Transmis par l'intermédiaire de l'AFECCAV

Séminaire : Economie du cinéma et de l'audiovisuel. Structures, stratégies et politiques. IRCAV. Entre Février et Juin 2008.

Économie du cinéma et de l'audiovisuel. Structures, stratégies et politiques

Séminaire de l’IRCAV, université de Paris III Sorbonne Nouvelle*


Principes fondateurs de ce séminaire

• La rencontre d’un acteur du monde du cinéma et de l’audiovisuel, autour d’une expérience professionnelle, d’un processus d’innovation, d’un travail de réflexion mené dans un domaine d’activité.

• Une approche pluridisciplinaire est privilégiée : économie, sociologie, histoire, esthétique, sciences politiques, droit, communication, gestion, stratégie, etc.

• Chaque séance est proposée, conçue, organisée et animée par un enseignant-chercheur.

Lundi 4 février - salle Mariette

« Production cinématographique et nouveaux modes de diffusion.

Long Tail Theory : une analyse critique »

- Jacques Driencourt, producteur, président de Berfilms

- Laurent Creton, Paris III

Lundi 17 mars - salle Mariette

« La programmation des films en salles »

- Laurent Geissmann, Groupement de Programmation des Cinémas Indépendants

- Claude Forest, Paris III

Lundi 14 avril - salle Mariette

« Le marché des œuvres documentaires et ses perspectives d’avenir »

- Anna Glogowski, France 3

- Loïc Magneron, Wide Management

- Jean-Jacques Varet, Les Films du Paradoxe

- Thomas Schmitt, Paris III

Lundi 5 mai - salle Peiresc

« Création de valeur et projection numérique : perspectives stratégiques

pour le secteur de l’exploitation »

- Richard Patry, exploitant, président adjoint de la Fédération Nationale des Cinémas Français

- Kira Kitsopanidou, Paris III

Lundi 26 mai - salle Peiresc

- « L’univers des techniciens du film »

- L’un des responsables de l’Association des directeurs de production

- Kristian Feigelson, Paris III

Lundi 16 juin - salle Peiresc

- « Un grand groupe cinématographique ou une major à la Française ? »

- Le dirigeant d’un groupe cinématographique français

- Chantal Duchet, Paris III

Le séminaire se tiendra le lundi de 18 h.00 à 20 h.00 à l'INHA, 2, rue Vivienne - Paris 2e

Transmis par l'intermédiaire de l'AFECCAV